Nous quittons le Vietnam via Bangkok pour finir notre visite du sud-est Thaïlande .....nous irons d'étapes en étapes , écoutant nos sensations, nos coups de cœur, nos envies de découvertes ou de repos. J'adore cette liberté en voyage.....ces voyages m'aident tellement à vivre pendant l'année......l'attente, le mystère, les lectures....

Mui Ne dans son aridité , sa vitesse langoureuse m'a transportée vers le farniente et la marche. Les paysages adoptent toutes les teintes de rouge, d'orangé, de blanc et le vert des feuilles de lotus ou de nypas signent ce tableau de maître. 

Des constructions d' immeubles, de routes s'entament à tout vent mais je crains que les choix ne soient décidés que par des multinationales qui ne s'embarrassent pas avec les surplus....il manque, j'en suis sûre, une réflexion d'intégration de l'habitat , des infrastructures, une politique de récupération des eaux usées , des déchets....tout va à la mer. Comme dans tous les pays asiatiques, le sac plastique est roi. Il sert à envelopper la moindre babiole, à mettre le liquide que l'on aspire avec une paille et il est jeté à terre comme de nombreuses choses!!!! La mer au même titre que le Mékong est la poubelle du Vietnam. C'est déroutant car les intérieurs de maison sont propres, les femmes passent le balai toute la journée devant chez elles,  sur la route....l'éducation ne devrait-il pas rester le principal objectif des gouvernements??

Nous allons laisser par delà les terres, les mers ......

Les espaces de restauration de rue qui favorisent l'échange, la tendresse, la reconnaissance;

Les chaises, les tables en plastique rouge ou bleu, les assiettes, les plats, les verres en plastique d'un format si miniature que cela me permet de penser à ma L. qui serait aux anges de jouer à la dinette;

Les odeurs des sauces parfumées, les saveurs exquises des légumes cuits à la vapeur, le riz sous toutes ces formes , en grain, en galettes ou en nouilles, les rouleaux de printemps qui explosent en bouche tant le mélange des ingrédients est raffiné....les hot pot, les barbecues de table.....;

Les litchis à poil, les pitayas blanches ou rouges, les ananas, les pastèques, les noix de coco qui réveillent nos papilles chaque jour et dont j'ai encore le goût qui affleure sur mes lèvres ;

Le gingembre, les piments, les tarots, les "épinards" Viêt, les fruits de mer.....je n'ai pas osé monter le dernier barreau de l'échelle pour goûter au serpent, au crocodile....aspect psychologique quand tu t'accroches, tu t'accroches...;

Les prix pratiqués suivant la nationalité à laquelle on appartient et les interminables négociations ....j'aime ces instants qui permettent la communication, les petites tapes sur l'épaule, les sourires à faire rougir mais annonciateurs d'une entourloupe ;

Les plages de sable blanc et les vendeurs de fruits, de cerfs volants, de coquillages plus kitch les uns que les autres comme nous avons en France nos vendeurs de glaces, boissons, beignets....;

La palette de couleurs enserrant le bleu, le jaune, l'orangé, le vert qui exportent l'imaginaire vers l'indomptable, l'irréel.....l'impression certaine d'être dans l'ailleurs....;

Les chapeaux coniques portés par toutes les femmes....qui cachent les expressions de visage et rendent difficile l'appréhension du moment;

Les sleeping bus permettant de voyager dans le confort et d'être au top après un long voyage sur les routes  au revêtement très spartiate;

Les motobikes, les vélos où les familles s'entassent dessus à 3,4,5 personnes et étant leur unique moyen de transport......des objets très très volumineux y sont transbahutés;

Les motobikes affublées d'un haut parleur avec une bande enregistrée pour annoncer ce qu'ils vendent: pain, épis de maïs ou soupes..un geste de la main suffit pour les stopper...leur regard scrute tout, il faut gagner un peu d'argent pour la famille... La pauvreté est présente dans toutes les villes et dans tous les villages de pêcheurs ;

Les enfants qui essayent de parler anglais avec nous, qui nous suivent et posent des questions.....les rites des sorties d'école sont les mêmes que chez nous....joie, rires, pleurs, chahut organisé, attente des parents, bisou donné au fiancé du moment.....quel bonheur ces scènes au visage mondial;

Les marchés aux odeurs de poisson séché , de crevettes séchées ....allées que l'on passe allègrement la respiration retenue pour déambuler vers les étalages de fruits séchés, d'épices, de thé , le tout posé sur des bâches à terre;

Tchao, tchao Vietnam

Merci à tous ceux , toutes celles qui nous aidé, qui nous permis de passer des moments avec les familles, assis par terre autour de poisson et de riz, à celles qui me serraient les mains comme pour affirmer un moment de fraternité , à ceux qui ont transformé leur guesthouse en un second home.

Merci pour vos sourires, vos regards appuyés, vos tentatives de communication, vos adresses écrites sur un morceau de papier afin que l'on trouve notre chemin ou les sites à visiter, vos dessins tracés rapidement pour une meilleure compréhension, votre désir de parler français et de nous apprendre le vietnamien.....je songerai toujours à ces fous rires lors de nos apprentissages.

Sorti de nulle part......

Ce matin émue , pensive......je vous offre ce lever de soleil pour réchauffer vos âmes abimees...

Je ne peux pas quitter le Vietnam sans vous parler du nuoc-mam.....ce serait comme si j'allais dans le Bordelais en omettant de vous parler des grands crus classés de vin!!

De nombreuses usines de nuoc-mam sont à visiter au Vietnam.....l'odeur nauséabonde à l'approche de celles-ci me fait fuir....je ne peux vraiment pas même en me "flagellant" ....c'est insupportable. Dans les villages où cette sauce est préparée, j'ai l'impression que cette odeur est attachée à tout et nous enveloppe.

Le nuoc-mam est une sauce à base de poisson fermenté dans une saumure. Il est également connu sous le nom de sauce de poisson. C'est un des principaux condiments utilisés par les cuisines vietnamienne, thaïlandaise, cambodgienne et laotienne au même titre que le sel, la moutarde ou la sauce vinaigrette chez nous. Dans l'Antiquité, les Grecs et les Romains consommaient un ingrédient analogue, le garum( macération dans le sel de têtes et d'intestins de maquereaux, sardines, anchois et plantes aromatiques).

Il est extrait par pressage et filtrage d’une saumure (15 kg de sel pour 100 kg d'anchois) macérée durant 12 mois dans des jarres au soleil ou des fûts en bois. Une seule espèce d'anchois permet cette préparation : le coilia macrognathos, dit "grenadier à longue mâchoire" pouvant mesurer jusqu'à 26 cm de long.

L'origine du nuoc-mam est vietnamienne et c'est ici que l'on trouve des variétés considérées comme les plus goûteuses et riches en protéines. Les usines se visitent comme nos caves à vin. Depuis 2001, la production a fait l'objet d'une appellation d'origine contrôlée.

Cette sauce de couleur ambrée, au goût puissant est servie en accompagnement à table dans des petites coupelles: pur, avec du citron, de l'eau, du sirop de canne, de l'ail pilé, des racines de gingembre fraîches et hachées, du piment, de cacahuètes non grillées et non salées,  de la pâte de crevettes, du coriandre ou de la menthe fraîche. Il accompagne les plats frits, les rouleaux de papier de riz frais (rouleaux de printemps), les nems, les salades ou le riz.

Priver un Vietnamien de cette sauce a le même sens que priver un français de pain.....