Nous nous sommes retrouvés dans une guesthouse avec des voyageurs français ....quel délice de parler notre langue maternelle , de parler de nos métiers,de nos régions !!!! Moment éphémère mais si doux....Les propriétaires ont illuminé un arbre exotique et nous ont offert un énorme gateau aux couleurs locales.....nos familles , nos amis étaient si loin....quel manque!!  Bonnes fêtes à tous et plein de chaleur .

Nous sommes arrivés après quelques heures de bus local dans le Delta du Mékong: Vinh Long, Chau Doc et Ha Thien.

J'observe le paysage que nous traversons avec un regard passionné , je veux voir, comparer les disparités et admirer.

Des rizières bordent la route sans retenue. Cette couleur d'un vert lumineux qui se mêle à la finesse des feuilles, cette terre inondée me comblent de beauté. Les terres sont labourées à l'aise de buffles et deux ou trois récoltes annuelles se succèdent dans ce pays qui est parmi les premiers exportateurs de riz au monde. 

Sur l'arrière plan, des maisons tressées en bambou ou crépies de blanc sont entourées d'une végétation luxuriante faite de cocotiers, bananiers, palmiers. Quelle splendeur..... 

Un mystère s'empare de moi à la vue de petites tombes blanches au milieu des rizières sans aucun détail architectural quant à leur disposition. Il me tarde d'aller fouiller dans les coutumes du Vietnam afin de comprendre.

Après de nombreuses lectures, il apparaitrait que les morts soient enterrés dans un paysage familier, dans les terres cultivées de leur vivant. La taille des tombes provient d'une coutume qui consiste à enterrer le corps 2 fois. La deuxième fois, les corps sont déterrés et réduits d'où la talle très petite des tombes.

Le delta doit son nom au fleuve Mékong, et  se divise en deux branches principales qui s’appellent le Tiền Giang (« fleuve à l’avant ») et le Hậu Giang (« fleuve à l’arrière ») ; celles-ci entrent en mer de Chine méridionale par neuf estuaires, expliquant ainsi le nom vietnamien pour le fleuve, Sông Cửu Long (« fleuve des neuf dragons ») Il se divise en multiples canaux et arroyos*, ce qui donne une impression de gigantesque. 

La vie se passe sur la terre ( écoles, églises ,échoppes) et l'eau qui en est le coeur. Des balais incessants de bateaux servent aux déplacements personnels de la population, au transport de toutes les marchandises que ce soit le riz ou autres commerces. Il existe aussi des marchés flottants où les  paysannes viennent y vendre leur artisanat, fruits, légumes ....tout grouille,  tout vit misérablement mais avec toujours le sourire et des hello pour nous souhaiter la bienvenue. 

Les maisons sont construites sur des pilotis car le Mékong subit la loi des marées avec des différences pouvant atteindre jusqu'à 4 mètres de hauteur. 

A Chau Doc, nous étions proches de la frontière cambodgienne, nous y avons débarqué un peu clandestinement.....pays décrit par les habitants du Vietnam comme une région très, très pauvre....c'est exact mais qu'il est dur de comparer la pauvreté...Ces deux peuples n'ont vraiment rien à s'envier.... 

Le Mékong est la poubelle des pays qu'il traverse, on jette tout dedans et toutes les canalisations s'y déversent.....comment peuvent-y-ils faire autrement ? Le seul guide pour eux est la loi de la survie .

La santé n'est pas gratuite donc non accessible. Le soin se fait à base de plantes séchées....les limites se fixant d'elles mêmes par la mort. L'éducation est payante: 115 dollars pour une année de scolarité par enfant et 1500 dollars pour une année de faculté ....la moyenne d'enfants par famille est de 6 !!!! La communication est donc très difficile car peu de personnes ne parlent l'anglais. Les temples boudhistes fleurissent partout....la religion est toujours présente auprès de la misère....

Par contre , la terre est très riche en fruits ( mandarines succulentes, ananas, bananes, mangues, fruit du dragon, litchis à poil...) et en légumes. Nous avons vu de nombreux élevages ( poissons, crevettes, volailles , porcs et même une race de vache limousine).

Cette vie dans le Mekong m'a permis de ressentir toutes les émotions; colère contre les pays tout puissants qui laissent derrière eux la pauvreté comme dénominateur commun; le sublime des paysages; l'étonnement devant cette vie aux multiples facettes; l'étrange de la richesse de ces populations......larmes, sourires ont guidé cet espace temps.

La lumière qui pénétrait le paysage m'a transpercée jusqu'au silence... Cette région peut être  décrite comme un chant, une peinture ou un poème. Seul l'art peut laisser au spectateur une notion de féerie. Je ne m'imaginais pas une beauté si silencieuse et si profonde.....Quel enchantement!!!!